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Congé menstruel : une start-up toulousaine à l’avant-garde

L’entreprise Louis a fait de l’égalité femmes-hommes l’un de ses piliers. Depuis le 8 mars, ses salariées peuvent bénéficier d’un congé en cas de règles douloureuses.
Congés menstruel
© Denise/Adobe Stock
Journaliste

Dans l’atelier toulousain de l’entreprise Louis, rebaptisé « la soute » par ses trois fondateurs, les ébénistes s’activent. On ponce, on soulève des plaques de bois lourdes, on peint, on vernit…

Parmi les employés de l’atelier de production de ce fabricant de mobilier de bureau éco-responsable, on compte 45% de femmes. Et certains jours, Margot ou Jessica ont du mal à suivre le rythme et à rester debout, notamment au moment où elles ont leurs règles. Si bien que l’une d’elle doit parfois rentrer chez elle au bout de deux heures de travail, épuisée.

Louis

Un jour par mois offert

C’est ce problème qui a été rapporté par Lucie, responsable de la communication chez Louis, lors d’un point avec l’équipe. « Elle nous a demandé si nous nous sentions suffisamment ouvert sur le sujet et si nous pouvions, comme cela existe dans d’autres pays, mettre en place un congé menstruel. Je lui ai proposé de travailler avec Manu, notre référent harcèlement, et de nous présenter un projet », se souvient Thomas Devineaux, directeur général de la start-up.

Louis

À peine deux mois plus tard, le projet est présenté aux autres salariés qui signent une charte d’accord. Et depuis le 8 mars dernier, date symbolique, les salariées de Louis peuvent disposer d’un jour de congé menstruel tous les mois.

Le principe est simple : il suffit de saisir la demande sur le logiciel RH ce qui permet d’avertir le manager qui n’a pas de validation particulière à donner. « Mais le simple fait de l’en informer lui permet d’organiser au mieux les équipes de production en fonction de cette absence », détaille Thomas, et d’ajouter : « Cela ne touche donc pas aux congés payés ».

Louis est aujourd’hui la deuxième entreprise française à expérimenter la mesure, après une coopérative dans l’Hérault. « L’objectif, c’est de créer une zone de confort chez Louis. Les journées ne seront pas forcément toutes prises, mais c’est appréciable de savoir qu’en cas de besoin, cet outil existe et peut être utilisé », argumente Thomas.

Le congé menstruel existe dans d’autres pays comme l’Australie, où il fonctionne bien. Ailleurs, au Japon ou en Corée, par exemple, le congé menstruel inscrit dans la loi mais est relativement pris car très mal perçu par le reste de la société.

Les règles ne sont pas une maladie, c’est une contrainte naturelle qu’il faut prendre en compte

« Il est important que cela s’accompagne d’une libération de la parole autour du tabou des règles », prône Thomas, qui dénonce la double peine actuelle liée aux menstruations : la douleur physique et la perte de salaire.

Louis

« Ce n’est pas une maladie, c’est une contrainte naturelle. Il ne s’agit pas de discrimination positive, mais de la simple prise en compte d’un état de fait », conclut le directeur général qui assure ne pas avoir pris en compte la question financière associée : « Nous ne nous sommes pas posé la question. Cela ne représente pas grand-chose par rapport au bien-être qu’une telle mesure peut apporter… Par ailleurs, ce confort-là et l’anticipation qui va avec peut même être bénéfique pour nos ateliers de production ».

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