L’autisme : une définition en évolution constante
Selon le professeur émérite René Pry, « le diagnostic aujourd’hui se pose en des termes qui sont relativement simples », reposant sur cinq critères cliniques fondamentaux. Ceux-ci incluent des anomalies dans la communication, des intérêts restreints, une apparition précoce des symptômes, un impact sur le fonctionnement quotidien et un diagnostic différentiel permettant d’éviter toute confusion avec d’autres pathologies.
La symptomatologie variée de l’autisme
Les symptômes de l’autisme varient considérablement d’un individu à l’autre, ce qui complique la reconnaissance et l’accompagnement des personnes concernées. D’après René Pry, deux grands types de critères sont à prendre en compte :
- Un critère négatif, illustrant des difficultés dans la communication et l’interaction sociale.
- Un critère positif, qui se manifeste par des intérêts restreints ou des comportements répétitifs.
“Ces critères ne peuvent pas être les mêmes à 3 ans, 8 ans ou 45 ans”, souligne le professeur. Par ailleurs, il est fréquent que des personnes autistes développent des compétences exceptionnelles dans des domaines spécifiques, allant de la mémorisation à la logique mathématique.
Le défi du diagnostic précoce de l’autisme
L’autisme est généralement détecté vers l’âge de 18 mois par les parents. Mais le diagnostic officiel intervient souvent beaucoup plus tard, autour de 4 ou 5 ans. Cette latence s’explique par la complexité du processus diagnostique et la difficulté de distinguer l’autisme d’autres troubles du neurodéveloppement, tels que le déficit de l’attention ou les troubles du langage. « Le diagnostic peut être posé beaucoup plus tardivement, parfois à l’âge adulte », affirme René Pry.
La notion de spectre
L’introduction de la notion de spectre autistique a permis de mieux appréhender la diversité des manifestations du trouble. Apparu en France en 2015, ce concept a élargi les critères diagnostiques en y intégrant des variables telles que le niveau intellectuel, le langage ou encore la sévérité des symptômes. « Deux enfants peuvent avoir le même diagnostic, mais présenter des différences majeures en termes de langage, d’intelligence ou d’interactions sociales » explique René Pry.
Il distingue trois formes principales d’autisme :
- L’autisme prototypique (autisme de Kanner), correspondant aux critères traditionnels.
- L’autisme associé à d’autres troubles du neurodéveloppement, comme la déficience intellectuelle.
- L’autisme syndromique, lié à des maladies génétiques telles que la trisomie 21.
Quelles évolutions pour les personnes autistes ?
Les trajectoires des enfants autistes varient largement. Si certaines évolutions sont positives, d’autres restent plus complexes. Les facteurs influant sur cette évolution sont multiples : précocité du diagnostic, qualité des interventions et acceptation sociale. Le langage joue un rôle clé. Ainsi, certains enfants cessent de parler durant plusieurs années avant de réapprendre soudainement. « Lorsqu’ils se remettent à parler, le langage remobilise toute leur activité intellectuelle », observe le professeur Pry.
Une prise en charge adaptée à chaque profil
L’autisme n’étant pas homogène, les interventions doivent être personnalisées. « Les interventions centrées sur la communication n’ont pas les effets escomptés ». Il est alors intéressant d’accompagner les enfants en valorisant leurs intérêts restreints.
René Pry

René Pry est professeur émérite des universités. II a fait coexister durant toute sa carrière une activité clinique (CHU de Colombes puis Centre de Ressources Autisme du Languedoc-Roussillon) et une activité universitaire. Il a enseigné aux universités de Paris (Institut de Psychologie), Montpellier, Genève, Aix-en-Provence et Lyon (Institut de Psychologie). René Pry est l’auteur d’une centaine d’articles et de cinq livres consacrés à l’évolution des compétences sociales chez l’enfant jeune et au développement de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme. Il a notamment écrit « 100 idées pour comprendre l’autisme avant d’agir », publié aux Éditions Tom Pousse.