Si, en tant que parent, nous pouvons avoir des difficultés à comprendre les complexes que peut ressentir un si jeune enfant et à les concevoir (après tout, votre enfant n’est-il pas le plus bel enfant au monde dans votre cœur ?), il n’est pas toujours évident de savoir comment réagir.
Pour comprendre comment aider son enfant à aimer et respecter son corps, Florence Millot, psychologue et psychopédagogue, partage avec nous ses conseils et son expérience. Elle est autrice de nombreux ouvrages dont “J’aime mon corps et je le respecte”, paru chez Hatier Jeunesse.
L’enfant sait naturellement ce qui est bon pour lui
“Souvent, on a un peu cette image que, pour aider l’enfant à respecter son corps, à ce qu’il se fasse du bien, à ce qu’il pose la bonne limite, on doit lui apprendre quelque chose. Alors que, quand on observe le jeune enfant, tout-petit, même à la crèche à partir de 2 ans ou 3 ans, on observe que quand on ne le coupe pas dans son développement, naturellement, instinctivement, il sait ce qui est bon pour lui.” explique Florence Millot.
Elle ajoute : “De manière générale, respecter son corps c’est surtout s’écouter.”
Les premiers complexes peuvent apparaître très tôt
“Quand l’enfant prend conscience de lui-même, autour de 3 ans à peu près, quand il commence à dire “Je”, on sait qu’il y a les premiers sentiments de honte, de culpabilité, voire aussi de complexes qui apparaissent”, affirme Florence Millot.
Il peut commencer à exprimer des préoccupations ou des insécurités concernant son apparence physique. Cela peut inclure des commentaires sur son poids, ses cheveux, ses vêtements, sa taille, etc. En tant que parent, il est important de soutenir et d’encourager votre enfant à s’aimer tel qu’il est. En créant un environnement positif et en fournissant des conseils adaptés à son âge, il est possible d’aider son enfant à développer une relation saine avec son corps et à cultiver l’amour-propre.
Que faire si ses camarades se moquent de son enfant ?
Quel parent n’a pas déjà eu le cœur serré en écoutant son enfant malheureux lui raconter que ses camarades se moquent de son apparence ? Dans de telles situations, Florence Millot recommande d’abord d’ouvrir la communication en posant des questions à l’enfant, sans porter de jugement.
Ensuite, elle suggère d’aider l’enfant à envisager la situation différemment, en l’invitant à utiliser son imagination pour la revoir sous un autre angle. L’encourager à réfléchir à ce qu’il aurait aimé dire ou faire s’il avait été protégé peut être bénéfique. L’objectif ultime est de permettre à l’enfant de trouver sa propre version de l’histoire, celle qui le rassure le plus.
Florence Millot propose également aux parents d’affirmer avec une énergie contrôlée leur désaccord en disant : “Non, je ne peux pas te laisser dire cela”, afin de montrer leur attachement à leur enfant.
Enfin, elle suggère de réfléchir au “super-pouvoir de l’enfant”. Par exemple, si une petite fille est moquée en raison de sa petite taille et que ses camarades l’appellent “la puce” ou “le bébé”, il est possible d’envisager les avantages de cette taille : “Et si être la plus petite te donnait un super-pouvoir pour être la chouchoute ? Et si être petite te donnait un super-pouvoir, te permettant parfois de parler en classe, de faire des choses sans que personne ne te remarque, et d’être tranquille sans être réprimandée ? Est-ce que le fait d’être la plus petite pourrait te rendre la plus mignonne et la plus chou de toute la classe ?”
Favoriser l’amour et le respect de son corps à son enfant
Il est essentiel d’adopter différentes approches pour favoriser et encourager l’amour et le respect de son corps à son enfant. La psychologue recommande de partager des moments de soin corporel avec votre enfant, tels que choisir ensemble des vêtements qu’il aime ou lui faire une jolie coiffure pour le mettre en valeur.
Elle ajoute qu’il est primordial d’apprendre à votre enfant à exprimer son refus (“non”) et à comprendre le concept de consentement, afin qu’il puisse établir des limites personnelles. Enfin, il est crucial d’enseigner à votre enfant de ne pas se comparer aux autres. Cette éducation émotionnelle constitue un parcours long mais indispensable car, comme le souligne la psychologue, “à chaque fois que l’enfant se compare, il oublie son unicité”.
L’invitée.
Florence Millot est psychologue et psychopédagogue en libéral à Paris. Spécialiste dans la gestion des émotions et dans la communication bienveillante en famille, elle est autrice de 30 livres autour du parenting et du développement personnel dont “J’aime mon corps et je le respecte”, paru chez Hatier Jeunesse.