Peut-on parler de “patrescence” ? Si le terme “matrescence” désigne cette transition dans la vie d’une femme du passage de la femme à la femme-mère, en est-il pareil pour les pères ? Selon Gilles Vaquier de Labaume, expert en parentalité, c’est indéniable.
La grossesse, l’accouchement puis la parentalité sont une succession de bouleversements émotionnels, cérébraux et hormonaux. Une triple modification de l’individu qu’il questionne dans “La Grossesse côté papas” (Leduc), cosigné avec le sexologue et gynécologue Michel Canaméras.
Une implication des papas en progression
Dans cet échange épistolaire entre les deux hommes – l’un professionnel de santé spécialiste de la grossesse et de la sexualité, l’autre coach en parentalité et fondateur des Ateliers du futur papa – il est question de toutes les phases. Du désir d’enfant au postpartum. De la grossesse à l’éducation de l’enfant.
Gilles Vaquier de Labaume reconnaît volontiers qu’aujourd’hui, les pères s’impliquent plus, à tous les niveaux. Ils font “leur part”. Il le remarque notamment dans les maternités où il intervient depuis une quinzaine d’années. Les papas sont de plus en plus présents. Néanmoins, ce n’est pas encore assez. Leur implication est bien en deçà ce celle des mères en tout cas.
Plusieurs facteurs explique cela, selon lui. La difficulté des hommes, du fait de leur éducation de genre, d’exprimer leurs émotions et leurs sentiments. La difficulté souvent de se projeter, de se connecter à la grossesse en cours et à l’enfant à venir. Le corps médical aussi, qui ne prend que peu en compte les ressentis du papa pour se consacrer à ceux de la maman (encore que, ce n’est pas systématique).
Un chemin à parcourir
Dans cet ouvrage, donc, les deux auteurs s’échangent des lettres. Ils partagent chacun leur point de vue, des premiers mois de la grossesse et l’arrivée du bébé. Ce travail épistolaire invite les futurs pères à se questionner, à se trouver une place, par les cours de préparation à l’accouchement, par exemple, les rendez-vous médicaux, le dialogue, l’entraide.
“Il existe ce que j’appelle le pouvoir insoupçonné de la paternité”, explique l’expert. En effet, plusieurs études montrent que la présence bienveillante et aidante du conjoint ou coparent pendant l’accouchement peut permettre à la maman de secréter plus d’ocytocine, aussi appelée hormone de l’amour, qui contribue largement à ce qu’une naissance se passe bien.