Selon un sondage Ipsos publié en 2021, près de 5 millions de Français ont déjà été victimes des punaises de lit. Ces petits insectes, de la taille d’un pépin de pomme, peuvent transformer votre vie en enfer si vous ne parvenez pas à traiter votre logement et à vous en débarrasser.
Nicolas Roux de Bézieux est l’auteur de “Punaises de lit – Le manuel pour s’en débarrasser définitivement”, un véritable guide pratique paru cet été aux éditions Larousse. Un ouvrage qui peut s’avérer pratique en ce moment car c’est pendant les périodes chaudes que ces petites bêtes prolifèrent et c’est dans les lieux de vacances qu’elles s’accrochent à nos bagages.
Qui sont ces vampires de la literie ?
« Les punaises de lit sont des insectes fascinants, qui nichaient il y a des millions d’années dans les grottes des chauves-souris. Quand les hommes leur ont rendu visite, c’est là qu’ils les ont emportées avec eux », explique le jeune homme à l’origine du site spécialisé badbugs.fr.
Lui aussi y a été confronté, il y a plusieurs années, et, à l’époque, il était très difficile de trouver des informations en français là-dessus. En effet, les punaises de lit étaient de véritables fléaux au début du XXème siècle, suite aux conditions sanitaires induites par les deux conflits mondiaux. Elles se sont faites plus rares par la suite. Jusqu’à un retour en force au début des années 80 et la multiplication des voyages à travers le monde.
La punaise de lit s’est beaucoup développée en Amérique du Nord, mais a désormais pris ses quartiers un petit peu partout, dans les pays où il y a de grands centres urbains. Et contrairement aux cafards, elles ne se trouvent pas nécessairement dans les endroits sales et peuvent élire domicile dans des hôtels cinq étoiles ou même dans les cinémas.
« Leur particularité, c’est qu’elles se nourrissent de notre sang. Elles agissent principalement la nuit car leur repas dure entre trois et cinq minutes et elles ont donc besoin qu’on soit relativement tranquilles », explique l’auteur.
Comment et où les débusquer ?
C’est justement leur piqûre qui permet de les repérer le plus souvent, ou plutôt la réaction allergique qu’elles induisent. Ces piqûres sont assimilables aux rougeurs causées par celles des moustiques.
« La seule différence, c’est qu’elles reviennent régulièrement, systématiquement après le réveil », précise Nicolas Roux de Bézieux. Les piqûres sont par ailleurs plus urticantes que celles causées par les moustiques ou les araignées.
Mais attention, tout le monde n’y est pas allergique. Les punaises de lit préfèrent généralement les peaux claires et sont plus attirées par les femmes que par les hommes. On peut donc être victime d’une infestation sans s’en rendre compte
Il convient alors, en cas de suspicion, de bien inspecter la literie. Les punaises de lit sont assez difficiles à repérer dans les premières semaines. Mais lorsqu’elles se multiplient, à raison d’une à deux nouvelles générations toutes les quatre à six semaines, elles commencent à laisser des traces.
« Vous pouvez regarder au niveau de la tête de lit, sur les bords du matelas et tout ce qui se trouve autour du lieu où vous dormez », explique Nicolas Roux de Bézieux, qui propose un outil d’auto-diagnostic.
Généralement, les punaises aiment les endroits calfeutrés et sombres, où elles se cachent pour pondre. Elles y laissent la plupart du temps des petites taches noires similaires à des gouttes d’encre. Un autre moyen d’en avoir le cœur net : faire appel à un chien renifleur et une entreprise spécialisée.
Vous : 1 – Punaises de lit : 0
Contrairement aux poux ou aux puces, les punaises ne voyagent que très rarement sur les vêtements ou sur les personnes. Elles peuvent en général se glisser dans les sacs ou les valises.
“La première des choses à faire et de ne pas paniquer, vous allez vous en sortir avec les bonnes méthodes !”
Nicolas roux de bézieux
Ensuite, rassurez-vous, les piqûres ne sont pas dangereuses pour la santé. Elles ne s’accrochent pas non plus sur vos animaux de compagnie et la dureté de leurs peaux les rebute, pas besoin donc de les passer sous la douche.
Dans le cas d’une présence de punaises de lits assez restreinte, il n’est pas utile de prévenir la totalité de son immeuble, sinon que par pure politesse. Il est rare, sauf dans les cas d’une infestation générale, que ces petites bêtes voyagent d’un appartement à l’autre.
En revanche, il convient d’éviter d’inviter des amis ou de la famille à la maison pendant toute la durée du traitement, quel qu’il soit et de prévenir les proches qui vous ont récemment rendu visite, « d’abord, parce qu’ils peuvent être la raison pour laquelle vous avez des punaises de lit », justifie l’auteur.
Il n’est pas rare en effet, quand on reçoit du monde, de poser sur un lit les manteaux et les sacs où pourraient justement se cacher les punaises : « Ensuite, parce que si vous avez vous-même été invité quelque part, vous devez permettre à vos hôtes de procéder eux aussi à une inspection ».
Selon l’ampleur de l’envahissement, il est nécessaire de traiter tous vos tissus progressivement. Les vêtements, sacs et linge de maison peuvent passer en machine à 60 degrés puis au sèche-linge. Quant aux tissus plus délicats, vous pouvez les enfermer dans des sacs-poubelles à laisser au congélateur pendant au moins trois jours.
La machine à vapeur et le nettoyage complet des pièces concernées sont aussi une bonne façon de faciliter la tâche de l’entreprise que vous aurez contactée.
Les punaises de lit peuvent se trouver principalement proches du lit, voire dans un canapé si vous passez beaucoup de temps dessus. Mais il est assez rare de les retrouver dans les salles de bain, cuisine ou autres pièces où vous ne restez pas assez longtemps.
Et si vous vous faisiez aider ?
« Il n’existe pas aujourd’hui un traitement meilleur qu’un autre », prévient Nicolas. Cela dépend de la surface du logement et du niveau. On recense néanmoins quatre grandes familles de traitements :
- Le traitement chimique par insecticide : une entreprise intervient et procède à une double pulvérisation, une tous les 15 jours. Il faut compter autour de 400 à 500 euros.
- Le traitement par insecticide naturel : une entreprise utilise des produits naturels qu’elle conjugue avec le passage d’une machine à vapeur dans tous les endroits à risque. Il faut compter autour de 600 à 800 euros.
- Le traitement à la vapeur unique ou cryogénisation : les punaises de lit ne survivent pas aux températures extrêmes. L’entreprise procèdera donc à une désinfection complète par le froid ou le chaud, ce qui a le mérite d’avoir un effet immédiat. Le prix peut dépasser les 1200 euros.
- Enfin, le traitement par canon à chaleur qui consiste à projeter de fortes chaleurs dans l’intégralité de votre logement via d’immenses ventilateurs. Il s’agit de la seule méthode qui vous évite de laver ou congeler l’intégralité de vos tissus mais elle a un coût : cela peut monter à 3000 euros.
Selon IPSOS, le coût moyen pour se débarrasser des punaises de lit se situe autour de 1200 euros entre l’intervention d’une entreprise, l’éventuelle location d’une machine à vapeur, le lavage de tous les tissus ou encore les « dommages collatéraux » (éventuel remplacement du matelas, objets abîmés…).
Ce qu’il faut savoir, c’est que le coût peut être pris en charge par le propriétaire du logement si vous êtes locataire, sauf s’il parvient à prouver que l’infestation est de votre fait. Certaines mutuelles ou assurances habitation prennent par ailleurs en charge une partie des coûts.
Enfin, pendant la durée du traitement, il convient de rester chez soi. « C’est vrai que ce n’est pas plaisant de vivre au milieu des sacs-poubelles quelques jours ou semaines ou même de consentir à dormir dans le même lit. Pourtant, votre présence permet d’attirer le maximum de punaises au même endroit afin qu’elles soient anéanties au prochain passage », assure Nicolas.
Bien entendu, en cas de traitement chimique, il est conseillé de quitter son logement pendant les heures qui suivent.
Pour vous rendre compte des différentes offres et comparer ce qu’il existe autour de chez vous, Nicolas Roux de Bézieux a lancé un comparateur sur son site babugs.fr !
Comment savoir si on est enfin libre ?
La meilleure méthode, c’est l’inspection, de son corps et de sa literie. À la fin du traitement, si les piqûres disparaissent ou s’il n’a y plus de signes de présence, cela signifie que les punaises ont disparu.
Bien entendu, les punaises ont des capacités d’hibernation colossales et peuvent se terrer pendant des mois avant de ressortir. Mais si le traitement est fait avec sérieux, il n’y a pas de raison.
Ensuite, nous vous conseillons aussi d’en parler autour de vous. Les punaises de lit sont des parasites coriaces qui peuvent aussi jouer sur vos nerfs en vous donnant l’impression constante qu’elles sont encore présentes. Il est normal de se sentir vulnérable dans ces cas-là, il faut donc faire un travail sur soi pour faire à nouveau confiance à sa literie ou à sa chambre à coucher.
Concernant les vacances, la vigilance doit être de mise sans tomber dans la paranoïa. « Quand j’arrive dans un hôtel, je vérifie simplement l’état du matelas au niveau de la tête de lit. S’il n’y a aucun signe, c’est que tout va bien. Quand je rentre chez moi, si et seulement si j’ai été informé d’une infestation dans un logement par lequel je suis passé, je mets mon sac de voyage et les affaires à l’intérieur quelques jours au congélateur », conseille Nicolas.
Si vous traversez cette période, appliquez tous ces bons gestes et cela ne sera bientôt plus qu’un vilain souvenir !