Nous serions soumis à quelque 15 000 stimuli commerciaux et publicitaires par jour. Nouvelle lessive détachante, smartphone flambant neuf, paire de chaussures en daim, SUV pour parcourir les routes d’Europe et du monde…
« Si la publicité a pu nous vendre des montres et des voitures, elle peut sans doute nous vendre un autre mode de vie, non ? » s’interroge Karine Jamroszczyk, directrice du planning stratégique de Nikita. Cette agence de communication est basée à Lille depuis 30 ans. Mais elle a pris le virage de la transition.
Accompagner les marques vers le monde de demain
Nous sommes constamment attirés vers plus de consommation. Ce mode de vie qui consiste à imaginer qu’il faut accumuler les biens pour être heureux vient des années 50. Or, aujourd’hui, il est incompatible avec un monde aux ressources finies. « Notre rôle est aussi d’indiquer à nos clients ce qui relève du greenwashing », explique Karine. D’autant que, si aucune marque ne peut se dire parfaite, c’est tout à son honneur d’apporter des preuves de son engagement, « de ce qu’elle fait pour faire bouger les lignes, ajoute-t-elle. Nous avons un rôle à jouer pour éveiller les consciences ».
Engagée depuis plusieurs années dans une démarche RSE, Nikita a d’ailleurs rejoint la communauté mondiale des entreprises certifiées B Corp. Celle-ci fédère plus de 5 000 entreprises dans 74 pays. Et rares sont les agences à avoir obtenu cette certification.
Créer de nouveaux récits
Nikita communication sélectionne ses clients dans les secteurs de la mobilité, de l’agroalimentaire ou encore de l’habitat. « Nous ne choisissons pas particulièrement des start-up nativement vertes. Nous accompagnons tous types de clients. Notre rôle est simplement de mieux les accompagner pour défendre leurs valeurs », explique la directrice du planning stratégique.
« Pendant des années, la publicité a servi à faire connaître des produits. Aujourd’hui, on peut l’utiliser pour inciter à trier ses déchets, à voyager près de chez soi. La publicité a toujours sa raison d’être, mais les nouveaux imaginaires peuvent entrer en jeu. Ainsi, on peut faire désirer d’autres mondes. Le bonheur, ce n’est pas forcément celui qu’on nous a toujours vendu. Si on ne produit pas de récits alternatifs, on ne risque pas de faire rêver à autre chose », confie Karine Jamroszczyk.
Elle prend pour exemple des campagnes publicitaires qui ont tranché avec leur époque. « C’était le cas de Dove, qui a montré d’autres corps de femmes, Zalando, ou encore la région Bretagne qui incite au slow-tourisme. »