Les violences éducatives ordinaires (VEO) dans le sport existent. C’est même un des principaux enseignements du second baromètre de la Fondation pour l’enfance sur les violences éducatives ordinaires, en dehors de la persistance des VEO et malgré leur meilleure connaissance des parents.
En effet, plus d’un tiers des parents signalent des comportements inappropriés dans le cadre sportif de leurs enfants. Ces violences se traduisent par des agressions verbales (19%), psychologiques (15%), des négligences (14%), ainsi que des violences physiques (11%) et sexuelles (9%). Joelle Sicamois est la présidente de la Fondation pour l’enfance. Elle nous donne ses impressions sur les résultats de ce baromètre.
AirZen Radio. Quel est le rôle des parents et des éducateurs sportifs dans l’usage de ces VEO ?
Joelle Sicamois. Dans notre baromètre, nous avons interrogé les parents sur leur perception de l’usage sportif. 90% d’entre eux disent poser des questions à leur enfant pour comprendre comment l’entraîneur interagit avec lui. Nous avons aussi organisé des tables rondes avec des sportifs de haut niveau et des experts du secteur sportif. Tous les adultes autour de l’enfant ont une responsabilité dans l’usage de ces violences éducatives ordinaires dans le sport.
Comment les parents perçoivent-ils les violences dans le sport ?
Plus d’un tiers des parents considèrent que ces VEO sont normales pour réussir dans le sport. Ils pensent qu’on ne peut performer que si on dépasse ses limites. Certes, il est important de pousser les enfants, mais il faut respecter des limites pour éviter les violences. La pratique sportive n’est pas seulement compétitive, elle peut être aussi de loisir. Il faut respecter les enfants qui veulent juste s’amuser.
Quels sont les signaux d’alerte ?
Autour d’un stade, quand vous entendez des hurlements d’un entraîneur ou des parents, c’est un signal d’alerte. Écoutez les propos tenus : “T’es nul”, “Pourquoi tu as raté ?” Ces remarques sont contre-productives et ont des impacts négatifs à long terme. Ce sont des VEO.
Les contre-exemples de sportifs célèbres n’encouragent-ils pas certains parents à reproduire ces méthodes ?
C’est vrai. Il y a des exemples de sportifs célèbres dont les parents étaient durs et violents et qui ont réussi. Et c’est vrai que ces modèles ont été mis en avant. Cependant, combien d’enfants ont été brisés par ces méthodes ? Les parents qui agissent ainsi peuvent aussi avoir besoin d’accompagnement pour réduire la pression. Heureusement, il y a une prise de conscience dans les fédérations pour mettre fin ces pratiques.
Quelles sont les meilleures pratiques à adopter dans les clubs sportifs ?
Tout le monde doit être formé et informé sur les violences éducatives et leurs impacts. Beaucoup d’éducateurs pensent en effet qu’en criant sur l’enfant, ils agissent pour son bien. Il faut changer cette mentalité. La pratique sportive doit viser le bien-être et le développement de l’enfant, pas seulement la performance physique. 80 % des enfants sont inscrits dans des clubs sportifs. Le sport est donc un vecteur crucial pour leur éducation.