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Comment notre urine pourrait révolutionner l’agriculture durable

C’est la question que se pose le projet OCAPI. Ses chercheurs, de l’école des Ponts Paris Tech, s’emploient à récolter de l’urine humaine en Île-de-France pour fertiliser les cultures. Du circuit très court, bien meilleur pour l’environnement que les engrais de synthèse.
projet ocapi récupération des urines
© @giorgiotrovato / Unsplash
Journaliste

Les scientifiques ont trouvé un engrais naturel, efficace, entièrement renouvelable et en circuit court. Mais ils n’ont pas cherché bien loin. Puisqu’il s’agit de l’urine humaine, de notre pipi tout simplement. Le projet OCAPI, porté par l’école des Ponts Paris Tech et le LEESU (Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains), consiste à analyser l’opportunité d’utiliser de l’urine humaine pour fertiliser les exploitations en proximité des villes. Pourquoi ? Comment ? On vous dit tout.

L’urine, riche en nutriments et « propre » à la consommation

Avez-vous déjà entendu que faire pipi sur les plantes les aide à pousser ? Ou encore qu’il faut uriner sur une plaie causée par une méduse pour soulager la douleur ? Tout ceci est vrai. L’urine a de véritables vertus fertilisantes et antiseptiques.

« Nos agriculteurs l’ont oublié, mais l’urine humaine était utilisée il y a quelques temps comme de l’engrais, bien plus que les matière fécales humaines ou animales », explique Louise Raguet. Cette designer, fondatrice de la marque d’urinoirs féminins Marcelle, est aussi chercheuse en biologie.

L’urine contient la majorité des nutriments qu’on excrète : l’azote, le phosphore et le potassium. « Il y a un gros enjeu au niveau de la collecte », explique-t-elle. On doit donc procéder à la séparation à la source de l’urine, la récupérer dès qu’elle sort du corps humain. « On peut, pour cela, faire pipi dans des urinoirs sans eau directement reliés à des cuves. Cela économise l’eau de la chasse en passant. On peut aussi utiliser des toilettes à séparation d’urine. »

Quand utiliser de l’urine sur les cultures ?

On fait ensuite subir à l’urine un traitement d’hygiénisation. L’idée est de laisser l’urine stocker dans un contenant fermé. Il y a alors une augmentation naturelle du PH qui va tuer les microbes. « Il faut savoir que l’urine est considérée comme peu pathogène à la base. Elle ne présente donc aucun danger pour les cultures. »

Quid des traces de médicaments ou d’alcool par exemple ? « C’est vrai, la question se pose, il peut y avoir des résidus. Mais tout autant que lorsque l’urine, après traitement, est déversée dans les cours d’eau. Idem pour le fumier utilisé pour nos cultures. Les animaux aussi prennent des médicaments qui se retrouvent dans leurs selles », tempère Louise.

Le pipi en quelques chiffres clés

Selon les porteurs du projet OCAPI, plusieurs chiffres méritent d’être connus :

  • L’urine d’une personne pendant un an peut permettre de fertiliser environ 500 m² de champs
  • 25 millions de baguettes de pain pourraient être produites par jour avec la production d’urine de toute l’Île-de-France
  • Comme les stations de traitement des eaux usées n’éliminent que 60% de l’azote des eaux usées, c’est comme si 4 millions de Parisiens urinaient directement dans la Seine.
  • Les émissions de gaz à effet de serre liées au système alimentation-excrétion seraient divisées par trois par la collecte de l’urine et sa valorisation dans un champ à moins de 100 km
  • 20% de la consommation d’eau des foyers est représentée par la chasse d’eau
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