Selon une étude du SNJ-CGT, le comportement raciste dans une rédaction a déjà été observé par une personne sur deux, qu’elle soit racisée ou non. Arno Pedram, journaliste et membre de l’Association des journalistes antiracistes et racisées, plaide pour une meilleure représentation de la diversité dans les médias afin de mieux traiter la question du racisme.
AirZen Radio. Le plafond de verre est-il le même partout ou y a-t-il des différences entre la télé, la radio, la presse écrite et Internet ?
Arno Pedram. Il y a des variations, mais c’est assez similaire. Peu d’études existent sur la question. La seule récente est celle du SNJ-CGT. Notre première action sera donc de travailler ensemble sur ce sujet.
Qu’est-ce qu’un comportement inapproprié en rédaction ?
Par exemple, des blagues qui ne font rire qu’un groupe de personnes. L’étude du SNJ-CGT est un outil important pour appuyer nos propos. Nous avons besoin de chiffres pour nous organiser et standardiser une enquête.
Quel est votre objectif vis-à-vis des patrons de média et des responsables ?
Nous voulons parler aux RH et aux rédacteurs en chef pour les pousser à agir sur ce sujet.
Pourquoi l’homogénéité d’une rédaction est un problème ?
Elle nuit à la qualité de l’information et crée des angles morts. Si nous nous ressemblons tous, nous avons les mêmes références culturelles et nous ne percevons pas certaines réalités, notamment autour du racisme.
Comment jugez-vous le traitement du racisme dans les médias ?
Le traitement du racisme dans les médias est actuellement très lacunaire. Les sujets abordés sont peu nombreux, mais on peut espérer une amélioration future. Nous sommes là pour encourager cette évolution et proposerons des guides offrant plus de clés pour aborder ces questions. L’intégration de personnes concernées par les médias est cruciale, car même si elles n’ont pas toutes les réponses, elles possèdent une sensibilité et une perspective qu’elles peuvent développer et partager.
Il est essentiel de ne pas simplifier le sujet en affirmant que seules les personnes concernées peuvent comprendre ces enjeux. Cependant, il est important de reconnaître que, par exemple, pour couvrir les banlieues, il est intéressant d’être en phase avec les populations concernées. De cette manière, on peut refléter leur réalité. Cela contribue à créer de la confiance et de la connaissance auprès des lecteurs.
La création du Bondy Blog, en 2005, répondait à ce constat : très peu de journalistes issus des banlieues travaillaient dans les rédactions. Les journalistes les couvraient souvent sous l’angle de la violence et du sensationnel. Le tout sans assurer une présence continue sur le terrain. La majorité des journalistes proviennent de Paris ou de proches banlieues, très peu vivent en banlieue populaire. Avoir des journalistes issus de milieux sous-représentés peut être bénéfique. Cela apporte une valeur ajoutée et permet de mieux couvrir les réalités de ces populations.
Quel est le but de ces guides que vous souhaitez éditer ?
L’objectif est d’encourager les médias à diversifier leurs sources et à traiter le racisme de manière plus approfondie et nuancée. Cela permettra de mieux informer le public et de contribuer à une meilleure compréhension des enjeux liés au racisme et à la diversité en France. Les guides fourniront des conseils pratiques, des exemples de bonnes pratiques et des ressources pour aider les journalistes à aborder ces sujets complexes de manière équilibrée et éclairée.