Nadège Larcher, psychologue et psychothérapeute, confondatrice d’APcomm, partage avec nous son expérience et ses conseils. Elle est autrice et co-autrice de nombreux livres dont “J’ai confiance en moi !” paru aux éditions Bayard Jeunesse.
Elle a également créé un programme de formation sur le harcèlement entre enfants et ados à destination des enseignants.
“Mensonges blancs” et moqueries
Le jeune enfant ne sait pas user du “mensonge blanc”, ce “mensonge social” qui permet de prendre soin de certaines relations. Par exemple : dire à un ami que sa coupe de cheveux, que l’on trouve ratée, lui va bien afin de ne pas le blesser. Ainsi, la spontanéité de l’enfance peut être ressentie comme une moquerie, là où il n’y avait qu’une remarque et aucune malice.
Comme le rappelle Nadège Pétrel, « l’humour est quelque chose de fantastique, mais il n’est pas facile de le maîtriser ». Par ailleurs, « nous, êtres humains, sommes naturellement agressifs. Pas violents, mais agressifs ».
Ainsi, “cette agressivité physique est à son top autour de 2-3 ans et c’est pour cela que, dans les crèches, il y a beaucoup de tapes et de morsures. ». Avec le temps, nous apprenons à maîtriser cette agressivité physique que nous remplaçons par une agressivité indirecte qui est l’agressivité verbale.
Les signaux des moqueries
Vous craignez de ne pas savoir interpréter les signaux qui indiqueraient que votre enfant est victime de moqueries ?
“Tout signe qui peut être différent et qui dure” est un indicateur. “C’est normal qu’un enfant n’aille pas très bien un jour, deux jours, trois jours… Mais si cela commence à s’installer dans le temps – une semaine, deux semaines, trois semaines… C’est là qu’il faut peut-être commencer à être vigilant”, ajoute la psychologue.
En pareille situation, le parent est encouragé à “ne pas s’alerter trop vite, faire confiance et demander si des adultes ont vu quelque chose. Si cela dure longtemps, il faudra peut-être agir”.
Encourager son enfant à s’affirmer
Que faire si votre enfant, qui est petit de taille, est malheureux car ses camarades ne l’appellent plus par son prénom mais uniquement “la puce” ?
La première chose est d’informer l’école et le CLAE de la situation, “pour qu’ils puissent être vigilants et reprendre gentiment les enfants”. Selon Nadège Larcher, cette démarche est très importante car il est possible que l’équipe enseignante et éducative ne soit pas du tout au courant des moqueries que subit l’enfant.
Ensuite, la psychologue conseille d’apprendre à l’enfant à reformuler les railleries et à se positionner. Ainsi, elle peut par exemple dire “Non, moi, ce n’est pas la puce, c’est Sarah ! Ou : mon prénom c’est Sarah et pas naine ”. Apprendre à son enfant à prendre les réflexions avec “le plus d’humour possible” et de distance peut être un atout.
“Si les enfants l’appellent juste comme ça par plaisir, cela s’arrêtera. Mais s’ils l’appellent comme cela par ironie ou volonté d’avoir un petit peu de domination par rapport à elle, s’ils voient que cela la touche, ils vont continuer. Et c’est cela le problème du harcèlement.”
L’invitée
Nadège Larcher est psychologue, spécialisée en développement de l’enfant et de l’adolescent, et formatrice en communication bienveillante. Elle est co-fondatrice de l’APcomm qui défend la communication bienveillante. Elle a également créé un programme de formation sur le harcèlement entre enfants et ados à destination des professionnels de l’enfance et de l’éducation. La psychothérapeute est autrice et co-autrice de nombreux livres dont “J’ai confiance en moi”, paru aux éditions Bayard Jeunesse.