Pour comprendre comment aider et accompagner son enfant autiste, la psychomotricienne Charlotte Payen partage avec nous ses connaissances, ses conseils et son expérience. Quand un enfant a des troubles du spectre de l’autisme, la part de travail qui lui tient le plus à cœur est la guidante parentale. En effet, « si les séances de psychomotricité sont comme des bulles stimulantes pour les enfants, ce sont avant tout leurs expériences quotidiennes qui leur permettent de progresser ». C’est dans ce sens qu’elle a écrit “50 clés pour aider un enfant autiste”, paru aux éditions Eyrolles.
“Un TSA représente un handicap mais n’est pas une maladie, il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental”, précise tout d’abord la spécialiste.
Les signes
“La Haute Autorité de la Santé dit qu’un diagnostic de TSA doit être posé entre 3 et 5 ans. Et l’idéal est de poser un diagnostic à partir de 18 mois pour que la prise en charge puisse se faire le plus précocement possible.“
Ces signes ne sont pas spécifiques à l’autisme. Ils ne permettent en aucun cas de poser un diagnostic mais peuvent inciter à consulter le pédiatre si l’enfant :
- présente un retard de développement langagier
- d’importantes difficultés de sommeil
- des difficultés alimentaires
- n’a pas présenté ou a peu présenté de sourire réponse
- a peu d’interactions et ne cherche pas l’interaction
- vers 8 mois, n’a pas de réaction de peur face à des inconnus
- si le bébé “semble absent ou au contraire semble toujours en vigilance, en état d’alerte”
Le planning visuel pour accompagner le quotidien
Parmi les outils du quotidien, Charlotte Payen préconise le planning visuel. L’enfant autiste peut être déstabilisé face à la nouveauté. “Le planning visuel permet à l’enfant d’apprendre à se repérer dans l’espace et à mieux accepter les changements d’activités […] Dans ce planning visuel, on va mettre en place des pictogrammes, soit avec des dessins sur chaque pictogramme soit en prenant des photos du quotidien.”
Il est important de comprendre comment l’enfant autiste fonctionne au niveau sensoriel afin de pouvoir l’aider avec des aménagements spécifiques.
S’intéresser à la sensorialité de l’enfant
“Par exemple, un enfant qui est réassuré parce qu’il a toujours besoin de bouger, de manipuler quelque chose, on va pouvoir lui donner des petits fidgets. Ce sont des petits objets à manipuler dans les mains. Un enfant qui va être irrité par beaucoup de bruit, on va pouvoir, s’il n’a pas d’irritabilité tactile, lui proposer un casque, par exemple, pour boucher un petit peu les bruits […] Un enfant qui ne sent pas trop son corps et qui va avoir tendance à chuter, à s’effondrer, on va pouvoir lui proposer un gilet un peu lesté, un peu lourd”, énumère Charlotte Payen.
Ce gilet va favoriser l’activation des récepteurs du corps et donc permettre à l’enfant de mieux sentir son corps.
Les sorties extérieures
“Le dehors accompagne l’enfant autiste dans son évolution.” Ainsi, s’il est difficile de lutter contre le regard des autres, il demeure important de sortir l’enfant en extérieur : dans la forêt, dans le parc, à la plage. Ainsi, “plus il va s’habituer à tous les bruits, à tous les stimuli visuels qu’il entend, plus il va pouvoir être ajusté au niveau comportemental dans la société.”
Pour éviter que l’enfant soit irrité par des sollicitations trop importantes, Charlotte Payen invite à lui proposer des sorties courtes et d’augmenter leur durée progressivement, au fil du temps.
L’invitée.
Charlotte Payen, psychomotricienne, accueille en libéral des enfants ayant des troubles moteurs, comportementaux, sensoriels et/ou cognitifs, en premier lieu le TDAH. En hospitalier (CAMSP), elle accompagne des tout-petits avec des retards développementaux d’origines diverses (prématurité, génétique, troubles du spectre de l’autisme).