Déléguée générale de l’association SOL, Alternatives Agroécologiques et solidaires, Clotilde Bato est également coprésidente du collectif Nourrir et présidente de l’association Notre Affaire à tous. Cette dernière est l’une des quatre organisations requérantes de l’Affaire du siècle pour la poursuite en justice de l’État français pour inaction climatique.
Entretien avec celle qui se prédestinait à une carrière dans le chant lyrique et qui a fait le choix de se consacrer à la cause paysanne et environnementale depuis une quinzaine d’années.
AirZen Radio. Vous êtes engagée dans de nombreuses structures. Quelles sont leurs missions ?
Clotilde Bato. Je codirige une organisation, SOL, qui travaille sur le terrain à la défense du rôle des paysans à la fois en Inde, dans les pays d’Afrique de l’Ouest et en France. On travaille sur l’accompagnement à l’installation des personnes non-issues du milieu agricole. Car il faut savoir que l’on va perdre 50% de nos agriculteurs à cause des départs à la retraite dans les 5 à 10 années à venir. Il y a une vraie urgence à renouveler nos paysans.
Mes deux autres investissements au quotidien me conduisent plus à des actions de sensibilisation des pouvoirs publics sur le modèle agricole que l’on défend, c’est-à-dire agroécologique. Le but est de permettre à la nature de vivre en communion avec les humains, protéger notre biodiversité et notre santé. C’est l’enjeu du collectif Nourrir, qui rassemble des organisations du monde agricole et citoyen.
Comment est né cet engagement militant pour l’environnement et l’agriculture ?
De mon enfance. Parce que je suis petite-fille de paysans aveyronnais. Et j’ai aussi eu la chance de pouvoir beaucoup voyager grâce au travail de mon père, qui a longtemps milité à l’ONG Frères des Hommes. Avec lui, je suis allée sur terrain pour aller à rencontre de ces organisations paysannes, découvrir le quotidien des paysans en Amazonie, au Pérou ou en Inde. Ça m’a donné envie de travailleurs à leurs côtés, que ce soit dans les pays du Sud et en France.
Qu’est-ce que les actions que vous menez vous apportent personnellement ?
La rencontre de personnalité de tous horizons. C’est important pour moi d’aller à la rencontre de l’autre, de pouvoir être au contact de paysans sénégalais et indiens. C’est une vraie chance. Et puis, en France, il y a des rencontres intergénérationnelles avec ces retraités qui ont beaucoup milité ou encore les jeunes, notamment du Mouvement pour le climat.
Par ailleurs, le fait de collaborer avec des organisations environnementales et agricoles permettent d’avoir une vision à 360° de la société française.
Pour terminer, Clotilde Bato, quels conseils pourriez-vous donner à une personne qui souhaite agir mais ne sait pas comment faire ?
C’est vrai que j’ai une action militante et collective, mais aussi personnelle. Finalement, chaque personne doit choisir son moyen d’action. Je trouve qu’on a tendance à beaucoup culpabiliser les gens sur le fait de respecter l’environnement. Ça peut être de tout petits gestes mais, déployés à grande échelle, ils sont utiles pour la planète.
Quand on est un peu frustré et qu’on culpabilise face aux messages négatifs, on peut faire certains choix de consommation. Par exemple, soutenir une agriculture locale, aller à la rencontre de paysans, participer à des associations en tout genre. Aussi, on peut choisir mieux sa banque, son producteur d’énergie, son moyen de locomotion. On a toute une diversité d’actions qu’on peut réaliser à son échelle.
