Fille d’expatriée, et expatriée elle-même depuis vingt-deux ans, Charlotte reproduit un schéma largement répandu. À un détail près : les lieux d’expatriation qui sont et ont été les siens. Elle a quitté le très classique Londres, il y a 12 ans, avec son mari et ses trois enfants – après y avoir passé dix ans – pour s’installer à 11000 km plus à l’est, à Singapour, dans cette république qui, plus de cinquante ans après son indépendance, porte toujours certains stigmates de la colonisation britannique.
Charlotte exerce à Singapour un métier en parfaite cohérence avec tout ce qu’elle a toujours aimé, ce qu’elle avait appris lors de ses études d’histoire de l’art à Lyon et aux Beaux-Arts : Charlotte est céramiste. Et elle met un point d’honneur à continuer d’exercer ce métier/passion du mieux qu’elle peut, avec l’objectif avoué d’en vivre.
Mais pour y parvenir, Charlotte a parfois dû faire preuve d’abnégation, elle a souvent dû s’adapter à un environnement – asiatique surtout – qui ne vivait pas avec les mêmes codes et regardait l’art avec un œil différent, résolument plus pragmatique.
Mais, même s’il lui arrive encore par moments de se sentir déracinée en Asie, elle savoure toujours chaque instant de sa qualité d’expatriée. Plus encore qu’au premier jour.