Ils ne seraient qu’une soixantaine à pratiquer ce métier en France. Au pinceau ou à la plume, l’enlumineur dessine les lettrines et les ornements des manuscrits anciens. La peinture est constituée de pigments naturels, et peut parfois être rehaussée de feuilles d’or ou d’argent. L’enluminure se pratique sur des papiers d’art ou des parchemins. “C’est un art médiéval qui couvre à peu près 1000 ans d’histoire, de 500 jusqu’en 1500. Cela consiste à mettre en lumière un texte. Cela permettait aux personnes qui ne lisaient pas au Moyen Âge de comprendre les histoires. Aujourd’hui, l’enlumineur réalise le travail des illustrateurs, tout en faisant perdurer des techniques médiévales”, détaille Fabien Pandraud.
Des pigments à base de coquilles d’œuf et de vignes brûlées
Au salon du Made in France à Paris, cet habitant des Deux-Sèvres a présenté sa version du poème du Jaberwocky dans Alice au pays des merveilles. La petite héroïne, vêtue de sa robe bleue, traverse un miroir couvert de feuille d’or.
“Déjà, en tant qu’enlumineur, on se doit d’effectuer un travail de recherche sur les traditions et les techniques médiévales. Par exemple, là, on est sur une reproduction d’une Bible italienne du 15ᵉ siècle. La calligraphie est faite à la plume d’oie avec une encre que j’ai moi-même fabriquée. Les pigments, je les prépare en suivant une recette médiévale”, explique l’artisan.
Pour confectionner certaines couleurs, Fabien utilise de l’éther, des coquilles d’œuf et des sarments de vignes brûlés. Pour maitriser cet art ancien, Fabien a suivi une formation au sein de la seule école européenne qui décerne un titre d’enlumineur : l’ISEEM, à Angers. “J’ai appris toutes les techniques : le dessin, la peinture, l’histoire… Je voulais faire ce métier depuis l’enfance, mais je ne savais pas du tout dessiner. C’est vraiment dans cette école que j’ai tout appris”, explique Fabien.