Habituellement, Noël fait office de retrouvailles parfois animées entre les membres d’une même famille. Entre l’entrée et le dessert, on s’écharpe sur la politique, le climat ou l’égalité. Mais l’été n’est pas exempt de ses discussions houleuses, une boisson fraîche à la main et les pieds dans l’eau. D’autant plus avec les canicules qui touchent le pays de plus en plus rudement.
Suite à ces vagues de chaleur, la question du réchauffement climatique est plus que jamais au cœur de nos conversations. Et avec elles, un lot d’idées reçues et autres fausses croyances auxquelles il convient de répondre avec bienveillance.
Anatole Chouard est scientifique. Cet ingénieur de formation, passionné des questions environnementales, est aussi un vulgarisateur qui met son expertise au service des citoyens via sa chaîne YouTube, Chez Anatole.
Idée reçue n°1 : « Il y a toujours eu des vagues de chaleur et des sécheresses dans l’histoire de la planète, ce qui se passe n’est pas nouveau ».
Oui et non. Selon un sondage du World Economic Forum paru en 2019, un tiers des personnes dans le monde sont climatosceptiques. Ce genre d’idée reçue n’est donc pas si rare, quand bien même on constate que les phénomènes météorologiques extrêmes s’intensifient. Il convient donc de savoir y répondre.
« C’est vrai, il y a eu des phénomènes météorologiques par le passé. Une montée et une baisse du niveau des eaux, des variables de températures considérables, mais cela s’est fait sur des milliers d’années », explique le youtubeur qui renvoie vers le volet n°1 du rapport du GIEC publié en 2018.
« Les scientifiques ont fait des modélisations sur l’évolution du climat avec et sans activité humaine. Et ils ont en effet constaté de petites variations d’activités solaires et volcaniques. Mais en rajoutant l’influence dans leurs calculs, il se sont rendu compte que le réchauffement de 1,1 degré qui s’est opéré depuis 1850, le début de l’ère industrielle, est lié à notre mode de vie », ajoute Anatole Chouard.
Idée reçue n°2 : « Les scientifiques se sont beaucoup contredits pendant la pandémie de Covid-19. Il n’y a pas de consensus scientifique sur le climat non plus ».
Non. Cette idée selon laquelle les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux a été particulièrement exacerbée par les débats entre médecins, impliquant parfois de grands professeurs et autres prix Nobel, organisés sur les plateaux TV pendant la pandémie. De quoi semer le trouble entre la vérité scientifique, les croyances ou encore la recherche.
Mais alors, existe-t-il un consensus autour du réchauffement climatique ? « Statistiquement, 99% des études scientifiques sur le sujet du réchauffement – et quand je parle d’études je fais référence à des documents relus, amendés, validés et publiés par des pairs – vont dans le même sens », répond le youtubeur. Quelques scientifiques à contre-courant de ces milliers de travaux partout dans le monde ne peuvent donc pas faire le poids en émettant simplement un avis.
« Il faut voir que le rapport du GIEC – ne serait-ce que dans son premier volet – est un condensé de quelque 15 000 études scientifiques recensées et analysées par près de 250 chercheurs venus d’une soixantaine de pays différents. Il n’y a donc pas plus clair comme réponse au niveau de la fiabilité des résultats », ajoute Anatole Chouard.
Idée reçue n°3 : « Je ne vois pas l’intérêt d’agir à l’échelle citoyenne alors que les États et les entreprises ne font rien ! »
Non. Pour répondre à cela, Anatole Chouard utilise une référence à la pop culture. Cette fameuse image des trois spider-men qui se pointent du doigt.
C’est un cercle vicieux. Les citoyens pensent qu’il est inutile d’agir parce que les entreprises, elles, ne font rien. Les entreprises ne veulent pas agir car elles estiment que l’État n’impose pas des lois en ce sens. Les États estiment que les citoyens ont le pouvoir de faire évoluer les choses grâce au vote et que s’ils ont élu un gouvernement qui n’agit pas c’est qu’ils l’ont bien voulu », explique le youtubeur.
Tout l’enjeu, donc, est de transformer ce cercle vicieux en cercle vertueux. Dans un rapport baptisé « Faire sa part », de Carbone 4, on note en effet que les émissions de gaz à effet de serre d’un pays peuvent être réduites de 55% si les citoyens réduisent au maximum leur impact carbone. Pour respecter les Accords de Paris, il faudrait que chaque personne émette moins de 2 tonnes de CO2 par an, or la moyenne nationale est à un peu moins de 10 tonnes.
« Donc, partir du principe que notre action est minime par rapport à celle des États ou des entreprises c’est une excuse », conclut le youtubeur.
L’action est donc à portée de citoyen, encore faut-il connaître son réel impact carbone pour commencer à le réduire. Pour ce faire, il suffit de se rendre sur le calculateur – Nos gestes climat – imaginé et proposé par l’ADEME !