D’ici à 2025, la Californie accueillera le plus grand écoduc jamais construit. Ce pont, inédit en son genre, permettra de protéger la faune sauvage des routes. Il enjambera une autoroute de dix voies et reliera deux montagnes. À l’origine du projet, la volonté de protéger une espèce menacée : les pumas.
Le pont sera bâti sur l’autoroute 101 qui relie Los Angeles à San Francisco par les terres. « Nous l’avons positionné à l’endroit où les animaux tentent généralement de traverser avant, pour certains, de faire demi-tour, effrayés par la circulation », explique Beth Pratt. La directrice de la Fédération américaine de la vie sauvage a passé sa carrière à s’occuper de la préservation des espèces.
« Je me considère aussi comme l’alliée de P-22 ! » ajoute-t-elle, en référence à un très célèbre puma de Los Angeles. P-22 est connu parce qu’il est le seul lion des montagnes à avoir réussi à traverser les dix voies de l’une des autoroutes les plus empruntées du pays, sans encombres.
« Cependant, il est une exception. Les voitures ont percuté une vingtaine de pumas sur cette route ces dix dernières années », se désole Beth Pratt. Cette barrière physique immense, qui sépare en deux les montagnes de Santa Monica, cause aujourd’hui de graves problèmes de reproduction pour les félins. « Nous avons remarqué des anomalies génétiques, des malformations », explique-t-elle.
Ce pont permettra donc aux pumas, tout comme aux serpents, crapauds, coyotes et autres rongeurs de passer d’une montagne à l’autre sans risquer leur vie.
Un pont végétalisé
Long de 60 mètres, large de 50, ce pont sera entièrement végétalisé. « L’objectif n’est pas seulement de permettre aux animaux sauvages de traverser. Mais de leur permettre de s’établir dessus. Nous allons recréer un véritable écosystème », ajoute Beth Pratt.
La structure, dont les travaux ont démarré en avril 2022 (pour le Jour de la Terre), a été pensée par plusieurs organisations publiques et privées, dont Living Habitat, une entreprise d’aménagement de paysages basée à Chicago.
« Nous allons recréer un sol végétalisé à base de plantes locales, installer des murs anti-bruit de part et d’autre du pont et construire des bosses terrestres pour atténuer le bruit et la lumière provenant de la route », explique Robert Rock, paysagiste en charge du projet. Des guides se posteront aussi de part et d’autre pour dissuader les visiteurs.
Un projet solidaire et soutenu par Los Angeles
Beth Pratt et Robert Rock ne sont pas seuls dans ce projet. Ils peuvent compter sur l’aide de quelque 5000 personnes dans ce projet. Ils travaillent avec de nombreuses équipes de biologistes mais aussi des ingénieurs chargés de mesurer en temps réel la pollution sonore et visuelle pour garantir le bien-être des animaux.
Par ailleurs, les travaux se feront principalement la nuit pour ne pas trop gêner les automobilistes. En effet, près de 300 000 véhicules empruntent ce chemin tous les jours. Ils dureront jusqu’en 2025 pour un coût total de 90 millions d’euros. Environ 60% du prix est couvert par des dons privés, notamment la fondation philanthropique Wallis Annenberg ou encore la fondation Leonardo DiCaprio. Le reste provient de fonds publics comme la ville de Los Angeles, les parcs nationaux ou encore l’État de Californie.