Ananas, pomelo, pastèque, melon… À partir de la peau de ces fruits, Clément Colin, fait de la petite maroquinerie et des bijoux, depuis trois ans, avec sa marque Moonkey Creations. Ce jeune Finistérien de 28 ans, récupère ces déchets de fruits auprès de Breiz’île, un producteur de rhum arrangé près de Brest. Une fois la matière première en main, il se passe en moyenne trois semaines pour une transformation, qui comprend entre 16 et 18 étapes, avec son outil fétiche : une presse.
« Au fur et à mesure, on va passer d’une peau épaisse, lourde, pleine d’eau et très rapidement putrescible, à quelque chose qui va tenir plus longtemps dans le temps, beaucoup plus souple, utilisable en maroquinerie, en bijouterie », explique-t-il. Il travaille depuis longtemps ce savoir-faire chez lui. « Je l’ai développé de façon très expérimentale en essayant, en ratant, en recommençant. Mais j’apprends encore. »
Des produits de premiers choix
Par ailleurs, pour réaliser ses créations, Clément achète du liège à Gabriela qui est au Portugal. « Elle fait bien attention à prendre soin de la santé des arbres et double son liège avec du coton. On est donc sur une doublure écologique propre aussi dans le biosourcé. »
Il utilise également de la colle qu’il a fabriquée lui-même avec de l’amidon de riz, du fil de lin tressé, de la cire d’abeille locale, des huiles naturelles, notamment pour cirer les produits car « ils vivent. Utilisés au quotidien, ces produits vont plutôt bien se comporter, mais ils ne vont pas aimer être délaissés. La matière est putrescible, dans le sens où elle va pouvoir se dégrader dans l’environnement ». Il ne va donc pas falloir la laisser traîner dans le garage, dans l’humidité, en extérieur, parce que des traces de moisissure vont apparaître assez vite.
Un procédé vertueux
Plusieurs raisons ont poussé le fondateur de Moonkey Creations à se lancer sur cette voix. La principale étant qu’en tant qu’artisan designer écologue, « je voulais proposer à mes clients des bio matériauthèque, donc de pouvoir jouer avec toutes les familles de matériaux. J’ai vu qu’il y avait trois familles qui m’embêtaient : les plastiques, les cuirs et les composites. Dans ma dernière année d’études, je me suis fixé comme projet professionnel de développer et de travailler sur le développement d’alternatives à ces trois familles ». D’où l’utilisation des peaux de fruits.
Aussi, l’homme de 28 ans est artisan, designer, écologue : « Je mets les outils du design au service de l’artisanat. « Écologue », parce que j’ai choisi de me spécialiser dans l’écologie et je mets un point d’honneur à l’idée de développer des procédés et des matières plus écologiques. Au niveau de l’outillage, c’est très manuel, très artisanal. J’utilise donc la presse que j’ai fabriquée moi-même. »
Clément projette à l’avenir de créer un atelier plus gros, semi-industrialisé et uniquement avec des machines low tech à énergie positive.