“À la mairie, nous n’avons pas la science infuse”, explique Camille Choplin, adjointe au maire de Bordeaux en charge de la démocratie permanente. “On n’a pas l’expertise que les habitants peuvent avoir. Ils sont très créatifs, ce sont eux qui savent, eux qui vivent leur quartier. On sait, dans son quartier, où il y a des choses qu’on pourrait mettre en place, à améliorer.”
C’est la raison pour laquelle la mairie implique et compte sur ses habitants pour réfléchir, proposer, faire germer des idées à l’échelle de la ville, via les Assises de la démocratie permanente. Pour autant, ils sont trop peu à connaître et se rendre aux conseils de quartier. Alors, c’est le conseil de quartier qui va venir à eux jusqu’au mois de juillet.
Un Parlement mobile en bois va se déplacer un peu partout, pour aller à la rencontre des Bordelaises et Bordelais. Il doit permettre des temps d’échange sur le thème des quartiers, avec le maire du quartier, autour de la culture, de la résilience alimentaire…
À côté de ce Parlement, un village, qui présentera des initiatives citoyennes, celles des habitants déjà engagés, afin d’inciter les autres à faire de même. On pourra se détendre et discuter de manière plus informelle sur les transats, autour d’un sirop. Des ateliers de cuisine anti-gaspillage sont aussi au programme.
Des projets soumis au vote
Il s’agit également de faire la promotion des budgets participatifs, dont c’est la seconde édition cette année. Une initiative de projets d’investissement autour de la solidarité et du lien social, avec un budget jusqu’à 150 000 euros. Ce sont les citoyens qui les portent et les déposent sur la plateforme prévue à cet effet.
Dans un second temps, ils seront soumis au vote. Et là encore, ce sont les habitants qui choisiront ceux qui seront mis en place. Seule condition pour déposer un projet : être deux personnes au minimum, “parce qu’on part du principe que dès qu’on commence à réfléchir à plusieurs, nos idées ont plus d’intérêt, plus de corps”, précise Camille Choplin.
La précédente thématique était celle du développement durable. Elle a permis de créer des nichoirs, des abris pour les abeilles, des plantations d’arbres fruitiers, le réaménagement de plusieurs places… “On a senti que les habitants avaient besoin de plus de verdure, des projets de végétalisation et de soutien à la biodiversité.” Le projet peut être local, à l’échelle d’un quartier, ou plus global, à l’échelle de la ville toute entière.
Retrouver une citoyenneté perdue
L’idée est de permettre aux habitants de parler de manière continue pendant le mandat, et pas seulement au moment des élections, et de leur faire connaître cette possibilité. “C’est passer d’une démocratie intermittente à une démocratie permanente”, explique Camille Choplin.
Il s’agit de briser les freins, dont souvent celui de la légitimité : “Ce n’est pas pour moi, je ne m’exprime pas bien ou j’ai peur de prendre la parole en public”. Le dialogue interpersonnel est, pour cela, valorisé au village, dans un cadre plus détendu, pour ceux qui ne souhaiteraient pas intervenir en public dans le Parlement mobile. On peut aussi coucher ses idées sur de petits papiers que l’on vient ensuite accrocher avec des pinces à linge sur une grande fresque. Tout sera lu.
“Ce qui m’intéresse dans la démocratie participative, c’est retrouver cette citoyenneté que, parfois, on a perdue par désintérêt, par défiance. C’est tout notre job”, conclut Camille Choplin.