Ce jeudi matin sur le parvis de la mairie de quartier de Caudéran, quartier résidentiel de Bordeaux très emprunté pour rejoindre le centre depuis les extérieurs de la ville, des membres de l’association Vélo-Cité – qui œuvre depuis 1980 à la pratique du vélo en ville –, riverains et élu, se sont donné rendez-vous pour deux heures de déambulation dans les rues du quartier. Objectif : dresser un diagnostic partagé, à l’issue duquel, compte-rendu et photos à l’appui, ils travailleront de concert à la résolution des problèmes qu’ils auront pointés.
Le trajet a été sélectionné en fonction de points d’intérêt : nouveaux aménagements cyclistes à tester, travaux problématiques, rupture du schéma de circulation cycliste, difficultés de partage de la chaussée avec les voitures, stationnement sauvage automobile qui rompt les bandes cyclables.
Henri et Vincent habitent le secteur. Ils ont trouvé l’appel pertinent. Ils comptent ainsi participer à faire remonter les remarques de ceux qui connaissent le terrain et rencontrent les difficultés quotidiennement. Ils proposent des espaces protégés pour chacun des usagers, qui ne seraient pas partagés entre piétons, cyclistes et automobilistes, pour plus d’efficacité et de sécurité, ou encore des couloirs spécifiques pour mettre en sûreté les enfants. La sécurité, et notamment celle des plus vulnérables, est particulièrement évoquée pendant ces deux heures de balade.
L’offre d’aménagements crée la pratique
“Beaucoup de choses ont déjà été mises en place, mais nous sommes encore loin d’avoir les éléments de sécurité suffisants pour que les enfants puissent se rendre à l’école ou au collège en toute sérénité”, explique Philippe Sainvet, vice-président de Vélo-Cité. “Ce qui est important, c’est de penser les aménagements cyclables, non pas pour les cyclistes qui roulent déjà, car s’ils le font c’est qu’ils acceptent de rouler dans ces conditions-là, mais pour les gens qui sont plus vulnérables, les enfants ou les personnes âgées. C’est un principe de la mobilité en général. C’est l’offre qui crée la demande. Si vous avez des aménagements, vous aurez plus de cyclistes. Et si vous augmentez la largeur des voies pour les voitures, vous aurez plus de voitures.”
Un système bien intégré par la métropole bordelaise, qui compte passer d’une part modale du vélo de 8% en 2018 à 18% en 2030. “Mais pour cela, il faut mettre les moyens. Nos remarques sont prises en compte, on le voit bien, mais il faut être un peu l’aiguillon pour faire en sorte que cela aille plus vite et que ce soit plus qualitatif.”
Benoit Boutinon, secrétaire général de la mairie de quartier de Caudéran, ne perd pas une miette des échanges. “Constater avec d’autres personnes, ça a l’intérêt de partager le diagnostic. Mais cela rentrera ou non dans un plan d’aménagement qui dépend de la Métropole, qui étudiera ce qui pourra être fait ou non, en raison des caractéristiques de la route, des caractéristiques d’usage et du budget.”
Rien n’est encore fait, même si les uns et les autres notent que “l’évolution est notable et que les aménagements cyclables fleurissent, ce qu’on ne peut que remarquer et encourager”, souligne un riverain. Gauthier, lui, est venu en tant que bénévole de l’association, mais aussi usager. “Ça me permet de mieux connaitre ce qu’est une Cyclo-patrouille et pouvoir la reproduire chez moi, dans un autre quartier de la métropole.” D’autres Cyclo-patrouilles devraient être organisées dans les prochaines semaines.