Au printemps, “The Batman” de Matt Reeves a collecté quelque 600 millions de dollars de recette et a enregistré 2 millions d’entrées en 48 heures en France. Preuve que les chauves-souris effraient autant qu’elles fascinent. Et ce n’est pas la chercheuse Alexa Sadier qui dira le contraire.
« Je n’ai pas vu celui-ci, mais j’ai adoré tous les autres », avoue-t-elle. Cette chercheuse en biodiversité, docteure en biologie, nous accueille dans son laboratoire de recherche à UCLA, l’une des plus prestigieuses universités des États-Unis.
Plus de 1400 espèces au monde
C’est là qu’elle passe le plus clair de ses journées, entre l’étude des fœtus de chiroptères (autre nom donné à ce mammifère) et la rédaction d’articles scientifiques dont plusieurs ont déjà été publiés dans des revues prestigieuses.
« Je n’étudie pas à proprement parler l’ADN des chauves-souris, j’étudie plutôt leur diversité et leurs évolutions, ce qui est conservé et ce qui varie au niveau du génome et du développement », explique la jeune femme.
Alexa, qui porte sur elle des petites boucles d’oreilles en forme de chauves-souris, a toujours été fascinée par ces petits animaux volants qui comptent pas moins de 1400 espèces différentes et constituent près de 20% des mammifères au monde.
Pourquoi ? « Déjà, parce que nous sommes, nous aussi, humains, issus d’une évolution et qu’il est donc important de savoir d’où on vient. Ensuite, parce qu’en étudiant les différentes espèces, on peut aussi découvrir des choses qui peuvent nous aider », explique la chercheuse.
Des expéditions longues et fastidieuses
Elle prend pour exemple la draculine, cette protéine anticoagulante inoculée par les chauves-souris vampires (il n’en existe que trois espèces et elles vivent uniquement dans l’hémisphère sud) à leurs proies : « Aujourd’hui, c’est en essai thérapeutique pour les gens qui ont des problèmes de coagulation », explique-t-elle.
Comment ? Plusieurs fois par an, la biologiste française originaire de Chamonix, quitte sa Californie de résidence. Elle voyage jusqu’en Amérique centrale et parfois même en Afrique. Elle passe plusieurs jours, ou plutôt plusieurs nuits, à installer des pièges et à observer ces petits animaux qui se déplacent par écholocation.
« Nous relâchons 97% de ce que nous récupérons car nous recherchons des chauves-souris particulières, insectivores, frugivores ou nectarivores. »
Sur les quelques spécimens qu’elle conserve, elle prélève des fœtus à des stades peu avancés. Elle les ramène ensuite dans son laboratoire et étudie les tissus, mais aussi le génome.
À la question de savoir ce qu’il lui plaît tant chez les chauves-souris, sa réponse ressemble étrangement au discours de Bruce Wayne : « Elles ont un côté mystérieux, elles sont très charismatiques. Et puis on ne connaît pas grand-chose sur elles ».