En France, 93% de la population constate des inégalités de traitement entre les hommes et les femmes. C’est l’un des enseignements positifs à tirer du dernier « Baromètre sexisme » produit par le Haut Conseil à l’égalité.
En effet, une immense majorité des Français et des Françaises estiment que les femmes et les hommes ne sont pas traités de manière égalitaire. Et ce, dans au moins une sphère sociale : au travail, en famille, à l’école ou dans l’espace public.
Les Français ont conscience du sexisme et peuvent agir
« C’est une bonne nouvelle. Presque plus personne n’ignore la situation », estime Priscillia Routier Trillard, la fondatrice de The Sorority. Mais de nuancer les résultats du “Baromètre sexisme” : « Il n’empêche que le sexisme ne faiblit pas en France. Il a même tendance à s’accroître sur certains champs ». En effet, 80% des femmes interrogées ont la sensation d’avoir déjà été victimes de sexisme. Et plus d’un tiers d’entre elles disent avoir vécu une situation de non-consentement.
C’est justement la raison qui a poussé Priscillia à lancer le tout premier réseau bienveillant d’entraide entre femmes et personnes issues de minorités de genre. Cette communauté compte à ce jour environ 51 000 membres. Des utilisatrices prêtes à agir au quotidien en cas de violences conjugales, intrafamiliales ou toute autre situation de harcèlement dans la rue ou le milieu professionnel.
L’application – fondée en 2019 et dont le nombre d’abonnées a plus que doublé en deux ans – est gratuite et disponible sur smartphone. « Tous nos profils sont vérifiés à la main pour garantir une sécurité aux femmes et minorités qui y sont inscrites. »
Mieux protéger les femmes dans l’espace public
Pourquoi l’inscription n’est-elle pas ouverte aux hommes, justement ? « Nous avons clairement besoin des hommes pour remporter le combat de l’égalité. Néanmoins, nous voulons dans un premier temps protéger les victimes. Ainsi, nous évitons d’abord à tout prix que des conjoints violents s’y inscrivent », justifie Priscillia Routier Trillard.
Le principe est simple. The Sorority offre une carte interactive qui permet aux utilisatrices de voir toutes celles qui se trouvent autour d’elle. En cas de danger ou d’insécurité, un bouton d’appel à l’aide permet aux membres se trouvant à proximité de réagir ou de prévenir les autorités.
« Nous lançons même régulièrement des exercices, des simulations. On n’apprend jamais à réagir à une agression. En l’occurrence, cela montre aux femmes, même celles qui habitent dans les zones les plus reculées, qu’il y a toujours une oreille attentive et bienveillante », dit Priscillia. Et les chiffres le prouvent. Selon une enquête menée par l’application auprès de près de 400 utilisatrices, 93% ont répondu se sentir davantage en sécurité dans la rue, et 84% dans les transports en commun.
Pour lutter contre le sexisme dans la société : l’éducation
L’application The Sorority rassemble des utilisatrices au profil vérifié et validé « à la main ». 4 000 d’entre elles proposent d’ailleurs un lieu sûr pour fuir.
Mais alors, comment aller plus loin ? « Par l’éducation, répond fermement sa fondatrice. Chez les hommes violents, les violences sont souvent reproduites à partir d’un schéma qu’ils ont connu, des rôles de femme qu’ils ont observés. Si l’on regarde dans les livres d’histoire, aussi, il n’y a que très peu de femmes. Idem dans les entreprises, les médias. C’est au tout début de l’éducation qu’il faut faire comprendre que 52% de la population, ça ne doit pas être considéré comme une minorité. L’égalité, ça s’apprend. »
Et les statistiques semblent confirmer ses propos. En effet, selon le « Baromètre sexisme », 23% des jeunes hommes considèrent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. Ces chiffres sont même plus importants dans les nouvelles générations, pourtant au fait des différents combats féministes et des mouvements de libération comme #MeToo.