En France, environ 600 000 personnes sont atteintes d’épilepsie, une maladie neurologique handicapante qui nécessite un traitement médicamenteux. Stéphanie Martins a fait sa première crise à 21 ans, dans un bus, pour une raison inconnue pour le moment. Cette Girondine, aujourd’hui âgée de 30 ans, les a par la suite multipliées, allant jusqu’à plusieurs fois par jour. Ses crises se traduisent par une perte de connaissance de quelques secondes.
Depuis plus de 30 ans, l’association Handi’chiens forme des chiens d’assistance destinés à un public en situation de handicap et de vulnérabilité. Sollicitée par des personnes épileptiques, elle a développé un programme de formation de chiens pour anticiper les crises d’épilepsie. Stéphanie a déposé un dossier et obtenu une réponse favorable au bout de six mois. Il a fallu qu’elle attende un an et demi avant d’accueillir à son domicile Oggy, un labrador de 5 ans couleur chocolat.
Durant ce laps de temps, le canidé a passé du temps en famille d’accueil pour se familiariser avec l’environnement des humains puis, pendant six mois, il s’est formé dans un centre à Lyon. « Je devais envoyer des échantillons d’odeur de crise d’épilepsie et des échantillons neutres. Oggy apprenait à les différencier, explique la jeune femme. Ensuite, j’ai eu stage de passation où on apprend les commandes apprises par le chien pour gérer les crises. Dans ces cadre-là, Oggy a appris à me donner des coups de museaux appelés « pokes » quand il sent que ça va arriver. Et si je ne réagis pas assez vite, il m’aboie dessus. »
Par la suite, le labrador appuie sur un bouton lorsque Stéphanie Martins est chez elle ou à son travail pour donner l’alerte à son entourage. Elle se met alors en sécurité. Puis, il se blottit contre elle le temps que la crise passe et qu’elle récupère. Enfin, il lui apporte son téléphone et l’aide à se relever. Oggy arrive à détecter ces événements dans un intervalle compris entre 20 minutes et 9 heures. Afin que son chien d’assistance puisse travailler correctement, la Girondine est attentive à ses besoins. « Je fais en sorte qu’il puisse se détendre, qu’il soit bien. On fait des balades tous les jours, surtout les semaines où il y a eu des crises. Pour lui aussi, c’est émotionnellement une charge, il se fatigue », explique-t-elle.
En trois ans, une relation fusionnelle s’est tissée entre Oggy et sa maîtresse. « Avec lui, je suis en sécurité, je n’ai plus cette peur de faire une crise ou ce questionnement de savoir si les gens dans la rue vont me secourir ou pas. J’ose sortir, voyager avec Oggy. Le fait de l’avoir m’apaise. » Le chien a réussi à réduire son stress, au point que Stéphanie fait désormais 4 à 5 crises par mois.
« Depuis qu’on a commencé, on a remis 50 chiens, explique Ulrich Deniau, responsable national Handi’chiens en charge du programme de chien d’assistance pour personnes épileptiques. Nous sommes trois éducateurs à Handi’chiens. On s’est formé avec Jennifer Cattet, franco-américaine qui fait du chien d’assistance pour les diabétiques et les épileptiques. » Par ailleurs, au vu des performances d’Oggy, le salarié de l’association a encouragé Stéphanie Martins à l’inscrire aux Trophées des chiens héros organisés par la Centrale canine. Résultats, il a été récompensé dans la catégorie des chiens détecteurs de maladie. La remise de prix a eu lieu, en mai dernier, à l’hôtel de ville de Paris.