En juin 2021, Fanny Miosotis apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein et que sa chimiothérapie va lui faire perdre ses cheveux. Cette annonce, elle la vit comme une opportunité de se révéler. « J’ai très vite associé cela au body painting. Cela a du sens. C’est ce qui m’a aidée à rester positive tout au long de mes traitements. J’ai seize ans de carrière dans le maquillage professionnel et j’ai toujours adoré le body painting. Je me suis naturellement vue avec mon crâne peint », dit-elle en souriant. C’est ainsi que naît Maquille mon Krâne, en janvier 2023. Le « k » est une référence à l’abréviation médicale du cancer. L’association a pour slogan “Faire de son crâne une œuvre d’art” et ses prestations s’adressent aux personnes qui ont une alopécie permanente ou temporaire. Qu’il s’agisse de femmes, d’hommes, d’adultes comme d’enfants.
Au départ, la présidente et directrice artistique de la structure vivait cette expérience en toute intimité avec ses amis maquilleurs et photographes. « J’ai adoré me mettre en scène avec ces sublimes maquillages. J’étais fière de l’image que je renvoyais. » Puis, elle s’est décidée à proposer des séances à « ses sœurs de kombat », comme elle les appelle. Celles qui ont vécu la même chose qu’elle. Pour l’aider à concrétiser son projet, elle a pu compter sur le soutien de Caroline et Marion, les deux autres fondatrices de l’association, qui ont elles aussi été touchées par un cancer du sein. « Très vite, nous avons ouvert notre association à tout type de cancer. Mais également aux personnes touchées par l’alopécie universelle. Finalement, notre objectif est de montrer une autre image de l’alopécie, d’où qu’elle vienne, et qu’on peut s’accepter sans cheveux. Notre but est d’accompagner ces personnes sur le chemin de l’acceptation de soi et/ou de la célébration. On veut rendre l’alopécie visible et montrer que la beauté est plurielle », déclare-t-elle.
Une séance sur-mesure
Au préalable des séances, Fanny tient à organiser un entretien téléphonique avec celles et ceux qui souhaitent vivre cette expérience. Elle se renseigne alors sur leur parcours, leur histoire, comment elles ou ils vivent avec leur crâne nu. Tous ces éléments vont lui permettre de l’inspirer lors des créations. Les participantes et participants peuvent aussi donner des indications sur ce qu’elles ou ils veulent. Et il leur est demandé de réserver une journée qui se conclut par un shooting photo.
« Pour les personnes qui sont en chimio, ça demande beaucoup d’énergie. Et elles n’ont pas l’habitude de poser, explique-t-elle. C’est pour ça qu’on souhaite les mettre à l’aise, qu’elles s’amusent. C’est comme un cocon. »
Booster la confiance en soi
Anne-Cécile Dupuy, atteinte d’un cancer, a connu Maquille mon Krâne via la page Instagram de Fanny Miosotis. L’expérience lui a permis de sortir de sa zone de confort. « Je suis atteinte d’alopécie à cause de la chimio et j’ai trouvé ça génial de sublimer des crânes nus. Personnellement, moi, j’associais cette perte de cheveux à quelque chose de négatif. J’avais l’impression que tous les regards se posaient sur moi dans la rue. Et puis, ça m’a mise dans la maladie. » L’intention que souhaite faire ressortir le modèle du jour avec son maquillage, c’est son âme de guerrière. Mission réussie. Elle a décidé de rentrer chez elle sans enlever l’œuvre d’art qu’elle a sur la tête, à la vue de tous. Un autre défi qu’elle s’est lancé.
Pour le moment, Maquille mon Krâne fait payer la prestation 300 euros. Mais les fondatrices espèrent faire baisser ce prix grâce à des dons et des mécènes. Cette somme comprend l’adhésion de 10 euros, 10 photos retouchées et sert à payer les professionnels. « Ils touchent trois à quatre fois moins que la valeur réelle de la prestation. Pour le moment, je veux que ça reste accessible. C’est important que les artistes ne fassent pas du bénévolat, insiste la présidente de l’association. Moi, j’évolue dans le milieu du maquillage et du spectacle. Ce sont trop souvent des métiers qui sont jugés de passion, et donc la gratuité est facile. » Par ailleurs, 3% de la trésorerie de la structure seront reversés en fin d’année soit à une autre association ou à la recherche pour le cancer ou l’alopécie.