Filmée dans une salle d’opération, la Dr Aïcha N’Doye se tient à côté d’une patiente allongée sur le point d’être opérée pour calmer son anxiété. Mais avant, la médecin chirurgienne lui chante « If I Ain’t Got You » d’Alicia Keys. Cette séquence postée sur les réseaux sociaux a ému des milliers d’internautes la gratifiant de nombreux avis positifs. Cette vidéo a bouleversé le quotidien de cette médecin spécialisée en chirurgie du sein et gynécologique à la Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine.
Sa première réaction ? « Alors, déjà, de la surprise et beaucoup d’émotion. C’est quelque chose que je fais au quotidien (depuis qu’elle est interne, NDLR). » Mise en ligne le 7 janvier, sa vidéo a ainsi suscité un engouement de la part des médias : radio, télé et presse écrite. La docteure a donc dû se prêter à l’exercice de l’interview : « Je découvre un nouveau monde. Ça me change de mon bloc opératoire, dit-elle en riant. Mais je ne pensais pas qu’il y aurait autant d’intérêt. »
Une passion pour la musique
Âgée de 33 ans, la Bordelaise a toujours aimé faire de la musique. Ses influences : la soul avec Nina Simone, Aretha Franklin, Ray Charles… Elle a ainsi commencé à chanter en Terminale. Elle a d’ailleurs gagné un concours de chant dans son lycée, ce qui lui a permis de faire une première scène au Krakatoa, une salle de spectacle à Mérignac, près de Bordeaux.
« Et je n’ai jamais arrêté, confie-t-elle. J’ai fait des petits concerts, enregistré des chansons. » Ayant commencé ses études en médecine, la musique lui prenait trop de temps. Elle a donc dû arrêter malgré elle, mais a « retrouvé un public au bloc ».
Une relation privilégiée
Alors, pour son public-patient, elle leur chante Beyoncé, Céline Dion, Johnny Hallyday… Des musiques adaptées juste avant de commencer l’opération. Le procédé est toujours le même : Aïcha N’Doye se poste à côté de celle qui va être opérée, la musique en fond, la médecin chante en la regardant. Puis, au bout d’une minute trente-deux minutes, quand elle voit qu’elle est détendue, l’anesthésiste peut commencer à injecter le produit. « C’est un moment émouvant et thérapeutique, pour moi et la patiente, parce qu’on se regarde, on ne se lâche pas jusqu’à ce qu’elle s’endorme. »
Quant à savoir si la chirurgienne pourrait troquer sa blouse pour un micro à plein temps, ou participer à des télé-crochet : « Ça m’a traversée l’esprit plein de fois. Partout où j’ai travaillé, on m’en parlait. Mais ça ne s’est pas fait parce que j’avais peur de la façon dont j’aurais été perçue par mes patientes si j’avais été loin dans un tel programme. Est-ce qu’elles auraient toujours eu confiance en moi ? » répond-elle après un long moment de réflexion. Mais cette idée ne lui est pas complétement sortie de la tête. Affaire à suivre…