« Une société incivile exploite nos émotions pour augmenter son influence politique dans les médias, sur les réseaux sociaux et jusque dans les urnes. » Voilà le postulat du livre-enquête de Stéphanie Lamy, chercheuse spécialiste des guerres de l’information.
Dans Agora Toxica (éditions du Détour), l’autrice passe au crible les opérations de désinformation et met en lumière ceux qui se cachent derrière : extrême droite, identitaires, masculinistes, faux comptes et autres algorithmes qui s’immiscent sur nos réseaux et qu’elle appelle « société incivile ».
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Un microcosme qui ressemble à s’y méprendre aux ONG et associations de défense des droits et qui utilise les mêmes codes : « Le principe même des plateformes en ligne, à commencer par les réseaux sociaux, c’est d’influencer nos comportements. On le voit assez facilement avec la publicité. Ce qui devient inquiétant, c’est lorsque que cela influe aussi nos comportements politiques, dans la vraie vie », explique la chercheuse.
Se réapproprier les espaces
Mais alors, comment faire pour s’en prémunir ? « Il faut se réapproprier les espaces sur Internet. Il faut avoir conscience que les réseaux sociaux ou les médias en ligne utilisent nos données personnelles et font de nous des cibles. Il n’y a pas nécessairement d’intention malveillante derrière, il faut simplement en avoir conscience et toujours prendre ce que l’on nous envoie avec prudence », répond-elle.
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Stéphanie Lamy, cofondatrice de danaides.org – ONG qui développe des outils de mobilisation collective sûrs à destination des civiles en zone de conflit – ,décortique aussi plusieurs stratagèmes qui font fureur dans « l’infosphère », notamment « l’astroturfing ».
Cette technique consiste à faire croire qu’un mouvement politique est porté par un vaste élan populaire : « On le voit beaucoup avec les mouvements anti-féministes, mais aussi pour des campagnes politiques comme celle d’Eric Zemmour, notamment », explique la chercheuse et d’ajouter, « dans ce cas précis, certaines publications sont poussées par des milliers de faux comptes qui laissent penser à un vrai mouvement de masse ».
"Agora Toxica – La société civile à l'ère d'Internet", de Stéphanie Lamy, éditions du Détour, 18,90 €.