Depuis 2008, Goutte de Vies agit de deux façons auprès des personnes qui sont ou ont vécu dans la rue. Elles se retrouvent dans son adage : prendre soin de la vie et accompagner la mort. Cette structure associative, Thierry Marmet l’a rejointe un an après sa création.
Aujourd’hui médecin à la retraite, il explique que c’est à la suite des obsèques d’une personne sans domicile fixe, morte dans la rue, que l’association s’est créée. « Les travailleurs sociaux qui l’avaient accompagnée avaient trouvé sordide qu’elle soit enterrée dans un cimetière de Toulouse, dans un anonymat presque total. » Gouttes de Vie s’est alors associé au collectif Mort de La Rue qui avait des connaissances sur ces questions-là.
Un logement adapté
Son volet « prendre soin de la vie » implique la mise en place d’actions pour permettre au public concerné d’avoir un accès aux soins, à un logement. Justement, sur ce dernier point, l’association a pensé à des alternatives de lieux d’hébergements.
“Les personnes sans-abris choisiraient là où elle a envie d’être jusqu’à ce qu’elles y meurent. C’est ainsi qu’on a réfléchi à la construction de maisons relais. Là-bas, elles sont locataires avec un personnel qualifié qui les encadre et est attentif à leurs besoins. Sinon, un Ehpad qui aurait eu un secteur dédié pour les personnes qui ont été à la rue. Mais pour des raisons du rejet du PLU toulousain, ça ne s’est pas fait”, se désole Thierry.
Des funérailles dignes
En ce qui concerne la partie « accompagner la mort », Gouttes de Vies se charge de contacter les familles en cas de décès. Si celles-ci ne peuvent pas organiser de funérailles, l’association s’en occupe. « On récupère les copains à la rue, on lit des textes. Et puis la symbolique de Goutte de Vies veut que, quand une personne qui a fait l’expérience de la rue meure, ses amis de la rue boivent une bouteille à sa santé, explique le bénévole. Les premières gouttes sont mises sur la bière du défunt. C’est une manière de marquer son attachement. »
Il peut aussi arriver qu’une chorale composée de personnes sans domicile fixe et de travailleurs sociaux et de bénévoles vienne chanter.
Déployer le concept
Chaque année, l’association organise des funérailles à environ 30 personnes. Le récit de cette journée est aussi consigné et confié aux familles qui retrouveraient l’existence de leurs proches.
Ces actions, Thierry Marmet souhaiterait les voir se multiplier sur le territoire national « parce qu’on n’est pas beaucoup, mais très sollicités dans l’agglomération toulousaine et les départements limitrophes. Donc si ça peut faire tache d’huile, ce serait parfait ».