Pour Brahim Timricht, fondateur directeur de l’association Le Grand Bleu, tout a commencé il y a 24 ans. Sensibilisé très jeune par un papa amoureux de la mer, il s’insurge de voir les gamins rester au pied des immeubles du matin au soir en plein été. Il commence à emmener ses voisins sur la côte et organise des sorties toujours plus nombreuses. Il décide finalement de structurer cette activité en créant l’association. Lui-même moniteur de kayak et sauveteur, il imagine qu’il peut aller plus loin en proposant de pratiquer des activités nautiques.
“J’ai réalisé qu’il y avait trop d’enfants qui ne savaient pas nager, se rappelle-t-il. Alors, j’ai créé mon premier bassin de natation en mer en 2012, avant que ça ne devienne un plan national.” Et puis, même s’il y a des piscines, il manque 5000 maitres-nageurs. Alors, il crée il y a deux ans son pôle de formation aux métiers de l’eau, qui forme des sauveteurs, des secouristes et au diplôme de maitre-nageur. Le but est alors d’apprendre aux jeunes à apprendre à nager.
Éducation à la natation et à l’environnement
Les enfants intègrent les cours en avril pour apprendre à nager, ils reviennent l’été sur la plage pour les activités nautiques. Ils peuvent ensuite devenir surveillants de baignade ou passer le BNSSA (Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique), puis devenir maîtres-nageurs. “Il y a toujours une suite, que ce soit avec nous ou d’autres. En tout cas, ce n’est jamais un one shot”, insiste le président du Grand Bleu. “Les enfants que nous avons accompagnés à l’apprentissage de la nage quand ils avaient 10 ans ont aujourd’hui 17/18 ans. Et on les forme au diplôme de sauveteur. On a un mix exceptionnel de jeunes filles et garçons qui se forment aux métiers de l’eau.”
Aujourd’hui, le Grand bleu est la seule structure en France à proposer l’apprentissage de la natation ou de l’aisance aquatique en milieu naturel sur le temps scolaire, c’est-à-dire en lien avec l’Éducation nationale. Et les enfants ne font pas qu’apprendre à nager, ils suivent aussi des cours d’éducation à l’environnement, avec une biologiste marine et une plongeuse sous-marine. “Il faut aller plus loin que la collecte de déchets. Avec nous, ils apprennent à réfléchir à leur comportement pour stopper cette pollution. Deux volets qui sont indissociables aujourd’hui quand on fait de la natation en mer. Parce que si on veut continuer à pratiquer les activités nautiques ou à apprendre à nager en mer, il faut protéger notre patrimoine, la Méditerranée.”
Depuis 4 ans, l’association apprend à également nager à une soixantaine de mamans. Elles peuvent venir avec leurs enfants qui vont être pris en charge dans un atelier d’aisance aquatique pour leur permettre de profiter de ce moment privilégié.
Des vocations se créent
Le Grand bleu a également signé un partenariat avec la protection judiciaire jeunesse territoriale des Bouches-du-Rhône. Les CEF (Centres éducatifs fermés), par exemple, viennent faire pratiquer les enfants. Les activités se tiennent à la base nautique de la Corbière en fin de journée, en partenariat avec la ville de Marseille et l’État.
Un bon test aussi pour repérer ceux avec une appétence et des compétences dans le nautisme ou l’aquatique. Sur les 2500 jeunes touchés dans le cadre de cette action estivale intitulée “prévention de la délinquance et qualification”, au moins une trentaine intégreront des formations aux métiers de l’eau à la rentrée.
Pour la première fois cette année, le Grand bleu a proposé au mois de juin un cadre idyllique à ses jeunes pratiquants : la piscine du Sofitel Vieux-Port. “Pendant les vacances scolaires, les piscines de la Ville sont mises à notre disposition pour l’apprentissage de la natation. Mais hors vacances scolaires, elles sont dédiées aux écoles. D’où l’idée de nouer un partenariat avec le Sofitel, avec lequel Brahim Timricht travaille déjà depuis 4 ans à Alger, sur le même principe. “Avec l’hôtel, on est liés maintenant”, s’enthousiasme-t-il. Un rendez-vous gagnant avec des clients amusés et accueillants et des enfants ravis de pénétrer dans l’hôtel mythique, “le plus beau du monde”, selon eux. Cette opération sera de nouveau organisée à nouveau en septembre et est vouée à se répéter chaque année désormais.