Ce mercredi 16 mars restera sans doute un jour gravé dans la vie de Claire Poulard. Cette jeune femme de 28 ans, amputée de la jambe droite a reçu une lame de sport.
Pour le plus grand nombre marcher, courir, sauter sont des automatismes intégrés depuis le plus jeune âge. Mais pour cette Agenaise, ce sont des nouvelles sensations qui s’offrent à elle. « Pour moi, c’est la finalité d’un parcours de pouvoir courir », dit-elle avec un enthousiasme débordant.
Une vie de douleurs
Et pour cause, le chemin a été tortueux pour Claire. A 6 ans, elle tombe malade. On lui diagnostique un cancer des os, un ostéosarcome. « J’ai eu un angiome intramusculaire veineux qui a explosé dans le muscle soléaire droit. Ça n’arrive pas à grand monde. Ce sont comme des taches de vin que les gens ont sur la peau, mais moi, je l’avais à l’intérieur du muscle, explique-t-elle. Ça a fait beaucoup de dégâts. Mon mollet a pris 9 cm de plus que l’autre d’un coup. »
Sa maladie a engendré pour elle la prise de beaucoup de médicaments, de douleurs, notamment lors de ses rares déplacements. « J’étais au fond du gouffre. Je ne dormais plus la nuit, dit-elle en y repensant. Mais un médecin professeur qui m’a opérée pour mon amputation, en 2017 à Brest, m’a redonné goût à la vie. J’avais une maladie qui m’empêchait de marcher, de courir, de pratiquer du sport. C’est une nouvelle vie, une deuxième naissance qui m’a permis de faire bcp de sport. »
De nouvelles sensations
Quant à savoir si Claire a eu quelques appréhensions après son opération, elle répond : « Il n’y a pas besoin d’appréhender dans ma situation, puisque je souffrais depuis l’âge de 6 ans jusqu’à 22 ans. Quand on m’a enlevé la douleur, ça a été une libération. J’ai pris du plaisir pour tout. Ce que je n’avais plus depuis ces années. » C’est donc à corps déployé que la jeune femme s’est mise à pratiquer plusieurs sports : aviron, handball, en fauteuil roulant musculation.
Cependant, la prothèse qu’elle utilise au quotidien pour se déplacer, pour marcher la limite pour certains exercices. C’est pourquoi elle a candidaté, encouragée par son orthoprothésiste Proteor, auprès du fonds de dotation Génération Avant-Garde, pour qu’on lui finance une lame de course. Son coût varie, mais celle qu’elle a reçue vaut 25 000 euros. Et ce n’est pas remboursé par la Sécurité sociale. Dans une lettre, elle a ainsi expliqué ses motivations : « J’ai dit que je voulais courir, avoir des sensations, partager avec mon conjoint la course à pied », se rappelle-t-elle.
Un nouveau challenge
Puis, deux ans plus tard, elle a été sélectionnée. Ce financement a été rendu possible grâce au partenariat entre Génération Avant-Garde et l’association Groupe 3V (Vouloir Vaincre Vivre). Cette dernière est implantée au sein de l’Institut Bergonié, un centre de lutte contre le cancer, à Bordeaux. Elle propose des challenges sportifs pour les patients et les soignants. C’est dans ce cadre-là que la structure a reçu un mécénat de la part du Crédit Mutuel du Sud-Ouest et financer la prothèse sportive de Claire.
Il aura fallu quelques ajustements et des essayages. À présent, le prochain défi de la jeune femme de 28 ans est de se mettre à la course à pied. « Courir les cheveux dans le vent, ça paraît bête, mais moi, je trouve ça extraordinaire. Ce sont vraiment de nouvelles sensations qui me donnent le sourire et qui me donnent envie d’avancer. La vie est belle », dit-elle en riant.