Le baromètre “Les salariés français et le harcèlement au travail” Ipsos pour Qualisocial a été réalisé en ligne. 2 000 actifs du secteur privé ou public ont répondu à un mail leur demandant de répondre à quelques questions, en septembre dernier. Mais avant d’aller dans le fond du sujet, l’étude les a informés du cadre légal qui encadre le harcèlement en entreprise. C’est donc en connaissance de cause qu’ils ont répondu aux questions sur ce sujet.
Les résultats sont frappants : si on parle beaucoup du harcèlement au travail, on ne sait pas l’identifier pour autant. Selon l’étude, 63% des sondés avouent ne pas savoir si une situation est vraiment problématique ou non. En découvrant le cadre légal, « une personne sur trois considère avoir déjà été victime d’une forme de harcèlement », explique Camy Puech, directeur de Qualisocial.
Par ailleurs, le harcèlement n’est pas subjectif. Selon Camy Puech, “on parle souvent du harcèlement au travail à travers des exemples médiatisés”. Il serait donc difficile de le constater au quotidien. Ainsi, on pense parfois que c’est à l’appréciation de chaque situation, en fonction des sensibilités, mais non. Depuis plus de 20 ans, la loi donne de l’objectivité aux situations en entreprises et évolue régulièrement en ce sens.
Une envie d’arranger la situation
Une fois la situation identifiée, il faut en parler. Si seulement 34% des victimes font remonter l’information, elle semble pourtant utile. Selon le baromètre, 60% des situations remontées à l’employeur ont été traitées positivement. Une situation qui s’améliore d’années en années, selon le directeur du cabinet d’études Qualisocial.
Camy Puech avance 8 recommandations pour répondre au constat de cette étude, à savoir le manque d’informations.
Du côté du personnel :
- Former les dirigeants au plus haut niveau
- Former les managers sur leurs pratiques du quotidien. « Prendre conscience qu’il n’y a pas besoin d’agressivité pour mener à bien son activité professionnelle est un constat à faire », précise-t-il
- Désigner des référents et les former
Du côté des actions :
- Mettre en place un dispositif de signalement avec soutien psychologique
- Mener une enquête face à chaque signalement
- Accompagner psychologiquement les salariés victimes, comme les présumés coupables. Selon l’étude, 13% des sondés ont pris conscience par l’étude qu’ils avaient des comportements de harceleurs, sans s’en rendre compte. Si le harcèlement doit être puni, souvent par un licenciement, il est intéressant de comprendre pourquoi.
- Mettre en œuvre des plans d’action concrets afin que les situations ne se reproduisent plus.
- Associer le CSE (Comité social et économique) aux démarches de prévention.
Voilà donc des axes à approfondir et qui pourraient permettre, selon le directeur du cabinet Qualisocial, de marcher ensemble vers une société plus sereine.
L’étude a été réalisée du 15 au 19 septembre 2022 auprès d’un échantillon de 2 000 actifs travaillant dans une structure privée ou publique d’au moins cinq personnes, constituant un échantillon national représentatif de cette population.
Notez que la lutte contre le harcèlement ne se limite pas au monde du travail. Le monde de la nuit et de la fête est aussi un champ d’investigation.